L’identité du relief breton : entre modération et surprises

Quand on évoque la Bretagne intérieure, on pense à un relief marqué mais sans extravagance. Le centre Bretagne, et particulièrement le Pays Roi Morvan, doit sa topographie à la formation du massif armoricain, vieille de plusieurs centaines de millions d’années. Les crêtes y culminent rarement au-delà de 330 mètres — un détail en apparence, mais qui suffit à dessiner des horizons superbes et souvent insoupçonnés.

La spécificité de ces points hauts tient à leur capacité à surplomber de larges surfaces boisées, des bocages parsemés d’étangs et des vallées creusées par la Scorff, l’Ellé, l’Aër et l’Inam.

  • Altitude maximale locale : aux abords immédiats du Pays Roi Morvan, le Montagne Noire du côté du Cragou (commune de Plouray, débordant sur les Côtes-d’Armor), affiche 322 m.
  • Moyenne des reliefs : la plupart des collines locales oscillent entre 250 et 300 mètres.
  • Nature du sous-sol : Schistes, quartzite et grès – des matériaux qui ont influencé aussi bien l’histoire sédimentaire que l’architecture en schiste et granit typique du Morvan.

(Source : Géoportail)

Top 5 des points culminants et leurs panoramas uniques

  • Le Roc’h Inégal à Plouray  (322 m)
    • Le sommet du Roc’h Inégal, facilement accessible depuis le bourg de Plouray, marque la transition entre Finistère, Morbihan et Côtes-d’Armor. À l’est, la lande de Glomel s’étale dans un patchwork de mauves et de verts. Par temps clair, on aperçoit même les cheminées de la centrale au loin. L’ambiance y est souvent venteuse, mais c’est là que la Bretagne offre l’un de ses plus vastes balcons sur la Cornouaille armoricaine. À moins de dix minutes du stationnement, un sentier botanique propose des panneaux sur la faune et la flore du massif.
  • Le Bois du Duc (303 m) – Berné / Le Saint
    • Le Bois du Duc n’est pas le sommet le plus connu, mais c’est l’un des plus agréables à vivre. Sa cime, coiffée d’un bosquet de pins et de hêtres, domine les vallées désordonnées de l’Aër et de l’Inam. Le matin, les nappes de brume créent des jeux de lumière somptueux. Plusieurs tables d’orientation ont été installées sur le sentier de randonnée n°9, escorté de panneaux retraçant l’histoire forestière du secteur.
  • Les Landes du Crano – Priziac (305 m)
    • À quelques encablures du village, la lande du Crano propose un décor très ouvert. Ici, l’habitat bocager typique laisse place à l’immense, surtout au lever et au coucher du soleil, quand le sol doré se teinte de reflets mauves et orangés. Une légende tenace veut que des feux « fous » apparaissent certains soirs – des scientifiques évoquent des combustions de méthane issues des anciens tourbières (source : Le Télégramme).
  • Tuchenn Gador – Gourin (287 m)
    • Presque au centre du vieux Gourin, la « Tuchenn Gador », ou « Butte du Siège », attire les randonneurs et ceux qui, enfants, sont montés là pour chercher la neige (qui tombe rarement mais tapisse parfois la butte en hiver). Depuis la table d’orientation, la vue court vers le Finistère, les Montagnes Noires et, par météorologie limpide, jusqu’aux Clochers de Motreff. L’hiver, un ballet de buses et de corbeaux anime les airs.
  • La Motte de Kerhouët – Le Faouët (271 m)
    • La Motte de Kerhouët est un point d’observation privilégié pour saisir, en un seul regard, le patchwork des exploitations agricoles et des haies tressées autour du Faouët. Lieu de rendez-vous des coureurs et des promeneurs, on y croise aussi parfois des photographes à la chasse aux brumes matinales. Le panorama embrasse la chapelle Saint-Fiacre, en contrebas, et une bonne partie du pays faouëtais.

Points de vue et patrimoine : quand paysage rime avec histoire

Chaque sommet, chaque landier surélevé, transporte avec lui des traces d’occupations anciennes : vestiges de mottes féodales, croix de chemin ou mégalithes, belvédères construits pour une sentinelle ou une chapelle. Un panorama, ici, c’est aussi une fenêtre sur le passé.

  • L’éperon barré du Bois du Duc : Les archéologues y soupçonnent une implantation ancienne. Certaines parties du bois appartiennent encore à des familles attachées à leur histoire locale.
  • Tuchenn Gador : La toponymie évoque une place de pouvoir, « la butte du trône », utilisée jadis pour des réunions publiques ou des fêtes populaires, perpétuant une tradition celtique du rapport à la hauteur.

Panoramas vivants : faune et flore à observer en hauteur

Contempler le paysage ne se limite pas à la vue : c’est aussi apprécier les milieux naturels particuliers que créent ces petits reliefs. Sur les plus hauts points :

  • Les landes sèches, riches en ajoncs, bruyères, digitalis et molinies.
  • Les crêtes boisées hébergent des hêtres séculaires, des pins sylvestres, et parfois de vieux houx taillés par le vent.
  • La faune remarquable: oiseaux de proie (buse variable, faucon crécerelle, bondrée apivore), passereaux rares l’été, chevreuils et, à la tombée de la nuit, parfois la silhouette furtive de la genette (espèce protégée repérée par le Groupe Mammalogique Breton).
  • Les papillons, dont le rare Damier de la Succise, menacé en France et recensé aux alentours du Crano (source : Observatoire de la biodiversité Bretagne).

Comment profiter des panoramas : conseils pratiques et sentiers accessibles

La majorité de ces points de vue s'atteignent sans matériel particulier, toutefois une bonne paire de chaussures et un coupe-vent sont recommandés en toutes saisons. Plusieurs circuits de randonnée passent par ces sommets, balisés par les associations locales et la communauté de communes :

  • Circuit du Bois du Duc : 12 km, accessible au départ de Berné (parking Place de l’Église, balisage jaune), table de pique-nique et panneaux d’interprétation en chemin.
  • Boucle du Roc’h Inégal : 7,5 km, départ du bourg de Plouray, panoramas sur la vallée du Scorff. Sentier botanique sur les derniers kilomètres. Modéré, adapté aux familles – attention, exposé au vent.
  • Sentier du Crano (Priziac) : permet d’admirer la lande et de rejoindre à pied le lac de Priziac, site bien connu des pêcheurs et des ornithologues (station ornithologique sur place, programme local de baguage oiseaux).
  • Tour de la Tuchenn Gador : circuit urbain et champêtre à la fois, récemment adapté pour les poussettes et PMR dans sa première partie.

Bon à savoir : la météo du centre Bretagne change vite. Sur les crêtes, le panorama peut se voiler de brume en quelques dizaines de minutes, mais c’est aussi ce mélange d’ombre et de lumière qui fait le charme local.

Saisons et lumières : le même point de vue, paysages multiples

S’il fallait conseiller une saison pour gravir les hauteurs du territoire, ce serait… toutes ! L’hiver, le givre habille le bois du Duc comme au pays des fées. Au printemps, la lande s’illumine de jaune avec la floraison des ajoncs. En été, les heures dorées du soir magnifient la mosaïque des champs. L’automne, enfin, est la saison des brumes, des ciels tourmentés et de la solitude lumineuse.

  • La lumière du matin sur le Crano, où la lande fume encore de rosée.
  • Le coucher de soleil depuis la Tuchenn Gador et ses teintes rosées.
  • Les après-midis d’hiver, quand la buée monte des vallons du Faouët.

Des panoramas pour se relier au territoire

Les points culminants du Pays Roi Morvan offrent plus que des vues : ils sont des lieux de reliance, où l’on retrouve le sentiment d’habiter une terre vivante et multiple. Du haut des crêtes boisées comme des landes ouvertes, on comprend l’emboîtement subtil des villages, des vallées et des forêts. Ces paysages, qui se méritent parfois au prix d’une belle montée, font vibrer la mémoire collective autant qu'ils invitent à la contemplation du présent.

Et s’il fallait une raison de s’y rendre, disons seulement : pour apprendre à regarder plus loin, plus lentement, et (re)découvrir le vrai visage du centre Bretagne.

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