Un territoire dessiné par l’eau : rivières, vallées et affluents

Difficile d’évoquer la géographie locale sans parler des vallées et cours d’eau qui découpent le territoire. Ici, l’eau ne manque pas : on dénombre une impressionnante trame hydrographique, dans laquelle le bassin du Scorff occupe une place centrale. Le Scorff, longue de plus de 78 kilomètres, prend sa source à Langoëlan et serpente ensuite vers le sud jusqu’à Lorient, traversant le bocage et des vallées encaissées typiques à Gourin, Guéméné-sur-Scorff ou Ploërdut (Eau Morbihan).

Aux côtés du Scorff, la Sarre prend sa source vers Le Faouët, tandis que l’Ellé coule vers le sud, précise et vive, marquant parfois la frontière naturelle entre le Morbihan et le Finistère. La vallée du Scorff, plus large, alterne méandres et prairies humides. Autour de ces vallées principales, une myriade de petits ruisseaux — Ster Laër, Inam, Naïc — modèlent un relief vallonné et offrent abris à une biodiversité foisonnante.

Entre crêtes granitiques et ondulations douces : la mosaïque des reliefs

Le Pays Roi Morvan n’est pas une terre plate, bien au contraire. L’omniprésence du Menez Du, modeste montagne bretonne, s’impose à l’ouest : c’est ici que les altitudes culminent, dépassant les 300 mètres dans certains secteurs entre Gourin, Langonnet et le nord de Le Saint. Le plus haut point, le Minez Nevez (303 m), surplombe la région avec ses landes étendues et vestiges de mégalithes.

Les paysages alternent entre crêtes granitiques boisées et pentes douces, jalonnées de petites routes sinueuses. Les crêtes, héritage de l’ancien massif armoricain, servent parfois de ligne de partage des eaux. Ce relief rend certains points d’accès spectaculaires, offrant des percées sur la chaîne des montagnes Noires ou sur la mer, quand le ciel est dégagé.

Le bocage, signature du Pays Roi Morvan

Impossible d’évoquer le territoire sans détailler son bocage, qui façonne depuis des siècles la physionomie du paysage. Le bocage, ce sont ces enchevêtrements de haies de châtaigniers, de chênes ou de hêtres, de talus couverts de fougères, qui délimitent les parcelles agricoles et abritent tant d’espèces naturelles.

  • Protection contre l’érosion grâce aux talus herbeux
  • Barrières naturelles protégeant le bétail du vent et du soleil
  • Réservoir de biodiversité (hérissons, oiseaux, insectes pollinisateurs…)

Ce maillage serré, unique en Bretagne intérieure, a vu son visage évoluer : de 1950 à 1990, des milliers de kilomètres de haies ont disparu, selon AgroParisTech, mais nombre de communes du Roi Morvan ont su préserver, voire réhabiliter, ce patrimoine vivant, essentiel à l’équilibre hydrique et à la beauté locale.

Des sols variés, du schiste aux tourbières

Sous nos pieds, la diversité géologique du secteur influence fortement la végétation et le modelé des terres. On rencontre, du sud au nord :

  • Des schistes et grès armoricains, entre Ploërdut, Le Faouët et Guéméné-sur-Scorff, donnant des sols acides et assez pauvres, mais propices aux landes et forêts lumineuses.
  • Des granite et quartz sur la frange ouest, jusqu’aux contreforts des Montagnes Noires, apportant un relief plus marqué et des panoramas rocheux.
  • Des poches de tourbe dans la vallée du Scorff et la lande du Moustoir, accueillant une flore rare comme la droséra (plante carnivore).

Ce patchwork de sols détermine les cultures possibles (céréales sur parcelles argileuses, pâturages sur maigres terres granitiques) et favorise la diversité des habitats naturels.

Des sommets à perte de vue : les points culminants et leurs atouts

Parmi les lieux qui invitent à la contemplation, les hauteurs de Langonnet et de Gourin se détachent. Là, sur le chemin des monts d’Arrée, la Tour de Gourin (célèbre ancienne tour télégraphique) culmine à 285 mètres d’altitude. Par beau temps, elle offre une vue saisissante jusqu’à la baie de Douarnenez d’un côté, la vallée du Blavet de l’autre.

  • Menez Du : panorama sur les crêtes des Montagnes Noires
  • Bois du Faouët : vue sur la vallée de l’Ellé, les vieilles ardoisières et la chapelle Sainte-Barbe accrochée à la roche
  • Côte de Saint-Tugdual : forêts à perte de vue et, au loin, le Finistère

Ces points culminants servent de repères pour les randonneurs, mais aussi d’anciennes frontières naturelles lors de périodes de conflit.

La géographie au rythme des saisons

Le Pays Roi Morvan change d’atmosphère à chaque saison, offrant un visage sans cesse renouvelé :

  • Au printemps, les rivières débordent parfois, les prairies se parent d’iris sauvages, les talus explosent de primevères.
  • En été, le bocage se densifie, cachant presque les petites routes, tandis que les vallées restent vertes et fraîches.
  • L’automne embrase les forêts de Koad Korriged et le Bois d’Amour, les fougères dorent les talus, le ciel joue la brume sur les crêts.
  • L’hiver, humide et parfois rigoureux, révèle l’ossature du bocage, les murets moussus réapparaissent, les ruisseaux chantent plus fort.

Les variations de lumière, fréquentes, contribuent à la poésie des lieux, et chaque photographe en quête de brumes matinales y trouve matière.

Une mosaïque de milieux naturels : influences et richesses

Situé en transition entre la Bretagne intérieure et l’Armorique occidentale, le Pays Roi Morvan concentre une diversité de milieux remarquable sur un périmètre restreint (Natura 2000). Le climat océanique, la variété des sols et le relief favorisent :

  • Des landes à ajoncs et bruyères, parfois menacées par la disparition du pâturage traditionnel
  • Des boisements anciens, vestiges des forêts primaires (forêt du Pont Calleck, forêt de Pont-Calleck sur Inguiniel, réputée pour ses cerfs et ses lichens rares)
  • Des prairies humides et tourbières, abritant orchidées et libellules protégées
  • Des ravins frais accueillant la loutre d’Europe, espèce emblématique ici

Cette diversité est le fruit de croisements entre influences océaniques et contreforts montagneux, entre nature préservée et activités de l’homme (culture, élevage, exploitation du bois).

Le rôle essentiel des forêts

Avec plus de 8 000 hectares de forêts (source : Office National des Forêts), le Pays Roi Morvan reste l’un des secteurs les plus boisés du Morbihan. Ces massifs, comme la forêt de Pont Calleck, le massif de Capioù ou le bois de Coatloc’h, structurent la vie locale :

  1. Ressources économiques (charpente, bois de chauffage, champignons)
  2. Refuge pour la faune : cerfs, chevreuils mais aussi hérons et chouettes hulottes
  3. Valeur symbolique forte (contes populaires, traditions de randonnées, mémoire collective des résiniers et charbonniers)

Certaines forêts, comme le bois de Stang Nevez, servent de réserves naturelles, quand d’autres accueillent encore aujourd’hui fêtes, festoù-noz ou traditions de ramassage du gui.

Implantation des villages : la géographie dicte le pas

La disposition des bourgs, hameaux et églises trahit une forme d’adaptation séculaire à la géographie. Historiquement, les villages cherchaient les replis abrités du vent (fond de vallée, pieds des crêtes), le voisinage d’une source, et une relative distance des terres à risque d’inondation. Gourin, Langonnet, Berné ont ainsi développé des cœurs de bourg compacts, souvent perchés sur une butte ou une pente douce, reflétant des considérations de défense ou de visibilité.

Les hameaux, eux, s’étalent en lanières le long des routes ou disséminés en “points”, suivant l’emplacement des meilleures terres exploitées, ou la proximité d’un moulin ou d’une chapelle.

  • Rue principale dans l’axe de la crête
  • Présence d’un lavoir ou d’un pont sur la rivière voisine
  • Éloignement des zones les plus humides

La densité des chapelles (plus d’une trentaine sur le seul secteur du Roi Morvan !) montre aussi la façon dont le sacré se glisse dans les creux et sur les sommités du paysage.

Regards sur un siècle d’évolution : de l’abandon aux renaissances bocagères

Depuis les années 1920, le paysage du Pays Roi Morvan a connu de profonds bouleversements : la motorisation, le remembrement mais aussi l’érosion rurale ont parfois marqué les terres d’une certaine uniformité agricole. Cependant, par rapport à d’autres régions bretonnes, le bocage a mieux résisté ici. Les actions locales pour valoriser les haies, restaurer les sentiers anciens ou replanter des vergers témoignent d’un véritable attachement à la diversité des paysages (Pays Roi Morvan Communauté).

Aujourd’hui, le retour de pratiques agricoles respectueuses (pâturage extensif, conversion biologique, agroforesterie) et le goût pour le tourisme vert redonnent au patrimoine naturel du Roi Morvan une dynamique certaine. Les projets de sentiers (ex : boucle de la Tourbière de Langonnet, circuit du patrimoine de Berné) font renaître le plaisir de la découverte au rythme du relief, des crêtes, des bois et des vallées. Les paysages évoluent, mais la quête d’équilibre entre activité humaine et respect des milieux reste plus que jamais d’actualité dans ce territoire singulier, où chaque vallée, chaque crêt, raconte une histoire différente.

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