Le Pays Roi Morvan ne se raconte jamais mieux qu’en suivant ses lignes d’eau. Dans cette Bretagne intérieure, loin des côtes animées, le territoire s’étire depuis les Montagnes Noires jusqu’aux marches du Finistère et du Morbihan, entre bocage, prairies, forêts et vallons encaissés. Un pays de sources généreuses, de ruisseaux secrets, de rivières fières, dont les vallées structurent la vie, la culture et l’histoire locale.
Situé à cheval sur le nord-ouest du Morbihan, une pointe du sud du Finistère et quelques communes orientales du Côtes-d’Armor, le Pays Roi Morvan s’articule autour de plusieurs vallées : l’Ellé, l’Aër, l’Inam, le Scorff, la Sarre, le Ster Goz et une multitude d’affluents et de rus qui façonnent depuis toujours le visage de cette « Bretagne de l’intérieur ».
Le socle granitique des Montagnes Noires, la douceur des paysages du Vannetais et la complexité du bocage sont le berceau de nombreuses rivières. Le Pays Roi Morvan compte sur son sol différentes « grandes » vallées, des bassins-versants à l’influence directe sur la biodiversité et la dynamique locale.
A ces axes s’ajoutent une collection de ruisseaux qui imprègnent presque chaque vallée. Le relief, alternant entre 80 et 250 m d’altitude, favorise les vallées encaissées, humides, souvent tapissées d’aulnes ou de hêtres, où la brume s’attarde.
Le Scorff jaillit sur les hauteurs de Langoëlan, traverse Guémené-sur-Scorff (haut-lieu du patrimoine régional) avant de serpenter jusqu’à Pont-Scorff en aval, puis Lorient où il gagne la mer. Sur son parcours d’amont à aval, il abrite une faune remarquable — truites fario, saumons atlantiques (l’un des rares sites de frai encore « naturel » en France, d’après l’Observatoire régional des saumons migrateurs).
Son bassin-versant irrigue plusieurs forêts domaniales (Forêt de Pontcallec, Forêt de Quénécan), et c’est ici que se logent certains des plus vieux moulins à eau de la région, parfois encore en activité pour la minoterie traditionnelle ou la production d’électricité (cf. Eau & Rivières de Bretagne).
L’Ellé prend sa source sur les contreforts des Montagnes Noires (vers Trémargat), coule à travers Le Faouët, Kernascleden, avant de se fondre dans la Laïta à Quimperlé. Sa rivière sœur, l’Isole, n’est qu’à un goulet d’eau près, mais leurs caractères sont bien distincts.
La tradition orale regorge de récits de lavandières, « Diaouled an Aon » (« Les diables de la vallée ») — petit peuple facétieux des rives de l’Ellé.
L’Aër traverse Gourin, cœur du pays des émigrés bretons, dont l’histoire est indissociable de celle de la rivière. Sur quelques kilomètres seulement, elle façonne un bassin de vie entre plaine agricole, anciennes ardoisières et patrimoine bâti (Pont de Kermabon, lavoirs de Treuscoat).
Cette petite rivière alimente aussi la curiosité des botanistes, abritant des espèces végétales telles que la Lobélie de Dortmann, rare en Bretagne intérieure.
Rivière paisible parcourant le nord du Pays Roi Morvan, la Sarre fait le lien entre Priziac, Langonnet et les landes de Saint-Tugdual. Si son débit varie au fil de la saison, elle conserve une eau d’une belle qualité, surveillée par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. Son linéaire serpente entre zones humides et prairies acides, formant parfois des tourbières typiques.
Le Ster Goz, ignoré des cartes touristiques classiques, joue pourtant un rôle de corridor écologique (grand projet local du SAGE Blavet, cf. DREAL Bretagne). Mais la fascination du territoire réside aussi dans cette toile de rus qui, sans faire de bruit, irriguent les fonds de vallée, dessinent les contours du bocage, maintiennent étangs et zones humides. Nombre de hameaux portent d’ailleurs le nom d’un ruisseau ou d’un « pont » : la toponymie bretonne trahit la présence de l’eau à chaque détour.
Pour mieux localiser ces vallées et rivières, il existe plusieurs ressources utiles :
Les vallées du Pays Roi Morvan sont des refuges de biodiversité. Sur l’Ellé et le Scorff notamment, la conservation du saumon atlantique et de la lamproie marine justifie des actions associatives exemplaires. En 2022, plus de 300 saumons adultes recensés lors des passages migratoires annuels dans le bassin du Scorff (Observatoire des Poissons migrateurs Bretagne).
Les zones humides constituent également des lieux d’accueil privilégiés pour grenouilles, libellules (17 espèces recensées sur l’ensemble du bassin Scorff-Ellé) et pour le vison d’Europe, dont quelques traces ont été retrouvées ces dernières années (source : Bretagne Vivante).
Sur le plan du patrimoine bâti, les moulins, lavoirs, forges et ponts de pierre racontent le quotidien passé des habitants, la force de l’eau comme énergie et son importance dans la structuration économique et sociale du territoire. Le Faouët, Gourin et Berné organisent régulièrement des sorties patrimoines pour valoriser cet héritage et sensibiliser à sa préservation.
Note : Privilégier la randonnée pédestre ou le VTT ; goûtez le rythme des vallées, prenez le temps d’écouter le chant des eaux vives – peu de territoires permettent une telle immersion préservée dans le monde rural breton.
S’il est une chose qui rassemble tout le Pays Roi Morvan, c’est l’eau. Des associations de riverains surveillent chaque été le niveau des cours d’eau pour anticiper les sécheresses, acteurs locaux et collectifs citoyens s’impliquent pour l’entretien des sentiers et la gestion écologique : la préservation des rivières, ce n’est plus seulement affaire de nature, c’est bien devenu un projet de territoire.
La dynamique autour des vallées a même favorisé l’émergence de réseaux de fermes, de circuits courts et d’écotourisme, particulièrement développé autour des sentiers de l’Ellé, du Scorff ou des rus du nord. Entre habitat dispersé, forêts profondes et prairies inondées, le Pays Roi Morvan s’invente plus que jamais dans la douceur de ses vallées et la vivacité de ses rivières.
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