Manoirs emblématiques et bâtisses remarquables du Roi Morvan
L’aventure commence souvent au hasard d’un virage ou d’un chemin creux. Et, chaque manoir, chaque maison noble transporte, sous ses pierres, des légendes ou de savantes histoires de familles. Aperçu non exhaustif :
Le manoir de Kergoz à Gourin
Ken ar pez a vez savet mat ! Voilà un adage bien illustré par Kergoz, qui figure parmi les plus anciens (XVe siècle, remanié au XVIIe). Sis à deux pas du bourg, il se distingue par :
- Sa haute façade à lucarnes Renaissance
- Sa cour intérieure encadrée d’une tourelle polygonale typique
- Son pigeonnier à épis et sa chapelle seigneuriale attenante
Ce manoir a appartenu à la famille Wibo, puis aux Trévaré, qui tenaient la seigneurie jusqu’à la Révolution. Contrairement à beaucoup d’autres, Kergoz a été bien continûment habité et rénové.
Le manoir de Trevalot à Plouray
Invisible depuis la route, c’est une perle du XVIe siècle, partiellement fortifiée. L’accès se fait par une double porte charretière et piétonne en pierre de taille. Le logis lui-même garde un charme sobre mais puissant — fenêtres cruciformes, escaliers en vis, cave voûtée. Un immense miroir d’eau renvoie au passé agricole, et à l’importance des viviers et moulins dans ces anciens domaines.
Le manoir de Langonnet, mémoire du monastère
Langonnet fut d’abord une abbaye, puis un pôle laïc après la Révolution. Autour de l’ancien enclos, subsistent plusieurs maisons nobles et logis de maîtres :
- Le manoir de Kergornec, qui allie style fin gothique et Renaissance, et dont la date (1588) est toujours lisible sur un linteau.
- La maison de la Communauté, aujourd’hui gîte rural, typique par sa disposition à étage unique et ses portes ornées d’écus armoriés gravés.
Réseau de manoirs autour du Faouët et Saint-Tugdual
Le Faouët, et sa proche campagne, a servi de relais à plusieurs familles nobles et robines. Les manoirs du Stancou (en cours de restauration privée), de Kerbozec ou de Tronjoly (ouvert à la visite lors d’évènements), illustrent la variété architecturale entre fin XVe et XVIIIe siècle. À Saint-Tugdual, le petit manoir de Castel-Men cause des ruines romantiques sous les châtaigniers centenaires.
Les maisons nobles oubliées, un patrimoine fragile
La plupart de ces bâtisses ne sont pas classées monuments historiques ; beaucoup sont dans un état précaire. Selon une enquête de la DRAC Bretagne (2020), près de 40% des manoirs répertoriés dans la zone sont des « ruines consolidées » ou servent aujourd’hui d’entrepôts agricoles. Trois seulement bénéficient d’une ouverture régulière au public, souvent lors des Journées du Patrimoine.